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[Page III]

Introduction de l'éditeur

Traduit en anglais par Ita Shedletzky,

en français par Christine Lassiège

35 ans se sont écoulés depuis la destruction de notre communauté, mais son souvenir et la terreur de ces jours de combat ne s'effaceront jamais et sont toujours vivant dans le cœur de tous les juifs de cette ville.

Le livre que nous publions aujourd'hui en est le témoignage.

Six mille juifs vivaient dans notre ville – six mille parmi les six millions de victimes de la plus horrible catastrophe qui ait jamais frappé notre peuple.

Seuls quelques-uns d'entre nous ont échappés à la mort ; ils vivent maintenant dispersés dans le monde entier, et certains d'eux vivent ici en Israël.

Nous, les personnes endeuillées de l'Holocauste, ressentons le plus grand besoin d'ériger un monument pour tous ceux qui n'ont pas été enterré selon les rites juifs.

Nous avons accompli ce devoir sacré avec la publication de ce livre, bien qu'il ne contienne qu'une petite partie de la vie et du travail créatif, de la souffrance et de la destruction de notre communauté, qui vivait dans l'ombre de la grande communauté juive de Varsovie. Tout ce que nous pouvons présenter ici ne sont que des vestiges sauvés des flammes. De nombreux actes et évènements ont été oubliés et perdus, perdus avec ceux qui ont été tués pendant l'holocauste ou qui sont décédés depuis.

Mais cela fut un travail difficile de rassembler le peu que nous pouvions et de le sauver de l'oubli. Ce n'est qu'au prix d'un immense effort que nous avons rassemblé toutes ces choses dans le livre qui se trouve maintenant devant nous.

Ce livre est un Kaddish public en mémoire de notre communauté et de tous ses membres.

Il restera l'héritage de chacun d'entre nous, pour toujours et pour l'éternité, pour le bien de nos enfants, pour qu'ils se rappellent de leur origine, apprennent de l'expérience du destin de leur parents et qu'ils poursuivent l'éternelle succession des générations.

*

L'histoire de notre ville remonte à plusieurs centaines d'années. Au moins pendant la moitié de cette période il y existait une communauté juive.

En 1971 Minsk a célébré les 550 ans de l'attribution du statut de ville au village familial Minska par le comte de Wazowsze, Jan Starszy en 1471. Quelques décennies plus tard, en 1465, il a obtenu l'autorisation d'avoir un bain, un marché hebdomadaire et trois foires par année, ainsi que le droit de collecter des taxes de pont. Les domaines du voisinage appartenaient aux frères Minski. Plus tard les domaines sont devenus la propriété de plusieurs familles de la noblesse polonaise et finalement sont arrivées dans les mains de la famille Dernalowicz.

Un des plus anciens monuments historiques est l'église au centre de la ville, face à la place du marché. Cette église avait été construite en bois dans la seconde année de l'existence de la ville en 1422. Ce n'est qu'au 16ème siècle, après un incendie, qu'elle a été reconstruite en brique sous cette forme, l'église a été préservée jusqu'à ce jour, y compris les peintures anciennes à l'intérieur.

Pendant l'invasion suédoise en Pologne, Minsk a beaucoup souffert et a été partiellement incendiée. La ville a commencé à prospérer à la fin du 18ème siècle et au début du 19ème siècle avec la construction de la grande route Varsovie – Brest. En 1867 le nom de la ville fut officiellement changé de Minsk en Novo-Minsk afin de la distinguer de Minsk en Biélorussie. Lorsque la Pologne est devenue indépendante après la première guerre mondiale, le nom a de nouveau été changé en Minsk Mazowiecki. Dans les anciennes sources juives la ville est mentionnée sous divers noms : Mintsk, Novo-Mintsk, New Mintsk ou Petit Minstk.

Depuis quand les juifs vivent-ils à Minsk ?

Selon diverses sources historiques (entre autres les Pinkas, qui sont en préparation à Yad Vashem mais pas encore publié), il y avait déjà une vie juive à Minsk il y a 300 ans. Dans tous les cas pendant 200 ans une communauté juive y a existé avec toutes les institutions telles que rabbins, cimetière etc…

Selon « l'encyclopédie Judaica », en 1827 au moment du recensement général 260 juifs vivaient à Minsk pour une population totale de 770 habitants, alors qu'en 1864 ils étaient 620 soit 46.3% de la population totale.

Le « lexique géographique du royaume de Pologne » (Varsovie 1885) indique qu'en 1861 il y avait 125 maisons à Minsk et 1338 habitants, dont 692 juifs.

La situation géographique de la zone (550-600 mètres au-dessus du niveau de la rivière Wisla), et le fait qu'elle était rapidement entourée de pinèdes, la proximité de Varsovie, de la voie ferrée et de la grande route à l'est, tout cela a contribué au développement rapide de l'endroit qui est devenu avec Otwock et Mrozy – une importante station de vacances pour la population croissante de Varsovie. L'industrie, le commerce et l'artisanat commencèrent également à se développer et les juifs prirent une part de plus en plus importante dans ces deux dernières branches.

Il y a très peu de documents concernant les premiers juifs à Minsk, ils ont tous été détruits avec d'anciennes pierres tombales. Mais même sans documents écrits nous connaissons tous au moins plusieurs centaines d'années de vie juive dans notre ville.

Ainsi, nous savons que la communauté juive a commencé à s'épanouir avec la construction de la grande route mentionnée plus haut, de Varsovie à Brest, puis vers Moscou. A cette époque un grand nombre d'artisans juifs sont venus à Minsk en provenance d'autres villes et de communautés plus anciennes. Ils ont changé les caractéristiques de la population juive qui jusqu'alors était principalement composé de villageois. Une partie de ces juifs venus à Minsk travaillaient dans des métiers plutôt rares chez les juifs comme des constructeurs de route et de tailleurs de pierre.

Parmi les juifs qui vinrent à Minsk à la fin du 18ème siècle il y avait la figure presque légendaire de R. Ezra Bernstein. Il était appelé Ezra l'entrepreneur parce qu'il faisait partie des entrepreneurs de la construction des routes.

Dans la seconde moitié du 19ème siècle la communauté juive de Minsk prospéra. La preuve en est que le rabbin Hassidique R. Yankele fonda un tribunal hassidique dans la ville et un an plus tard (1874) le célèbre rabbin Yechiel Michael Rabinowitz devint le rabbin de la ville.

On connait deux rabbins à Minsk avant le rabbin Rabinowitz : R. Israel-Yankel et R. Menashe. Pendant un certain temps le rabbinat de Minsk était associé aux communautés de Kałuszyn et surtout de Siennica (7 km de Minsk) où des juifs vivaient selon des traditions aussi anciennes.

En 1897, selon les statistiques officielles, le nombre de juifs dans la ville était 3445, 55.6% de la population totale.

Dans les années de la grande émigration après les pogroms en Russie et les évènements de 1905, qui ont été particulièrement violents à Minsk, la population juive a diminué. De nombreux juifs ont émigrés, de sorte que dans le recensement de 1908 le nombre de juifs était stagnant : 3344 pour une population totale de 5441. Malgré cela le pourcentage de juifs a augmenté à 61.4%.

Dans les années de la première guerre mondiale les juifs ont commencé à émigrer vers les grandes villes, principalement à Varsovie, où la vie était plus sûre que dans les petites villes.

Après la guerre, en 1921 – le recensement fait état d'une population juive de 4130 sur 10518 habitants (39.3%). Un nombre supplémentaire de juifs vivaient dans 35 villages du voisinage – comme – Jakubow, Glinianka et Deby-Wielkie.

Dans l'entre-deux guerres une intense vie politique et sociale s'est développée parmi les juifs de Minsk. Ils ont érigé diverses institutions, écoles, bibliothèque, syndicats, une coopérative et une banque commerciale.

Le conseil communautaire était composé de 12 membres : neuf d'Agudat Israël, deux chefs du syndicat des artisans et un sioniste. En 1931, ils étaient sept d'Agudat Israël, quatre artisans et un de l'aile droite de Poale Zion.

Le conseil municipal composé de 24 membres, comptait huit juifs en 1924 : trois représentants des artisans, quatre d'Agudat Israël, deux sionistes et un membre de Poale (Zion (à droite).

Les organisations sionistes n'étaient généralement pas très impliquées dans les affaires politiques internes. Mais ils étaient représentés par des représentants des artisans, ce qui explique leur faible représentation dans le conseil municipal aussi bien que dans l'administration communale.

Dans les années trente la représentation juive dans le gouvernement local a baissé à la suite d'une réforme électorale qui avait été menée dans cet objectif. Ceci en dépit du fait que la population juive n'a jamais été inférieure à 30%. Dans les dernières élections municipales il n'y avait que trois représentants juifs.

Le boycott économique dans les années trente a, en grande partie, ruiné la vie économique. Le pogrom l'été 1936 et les incessantes persécutions qui suivirent engendrèrent un renouveau d'émigration. De nombreux juifs sont partis légalement ou illégalement pour la France, une partie des juifs a émigré illégalement en Palestine.

 

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Updated 19 Sep 2021 by LA