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Vers des temps nouveaux

par Moshé Frucht – Tel Aviv

Traduit par S. Staroswiecki

Près de la rivière, sur la place, à proximité de la vieille maison d'étude se trouvait la vieille synagogue en bois. On disait dans la ville qu'elle existait depuis 400 ans. Les légendes courraient à son propos et suscitaient la peur. La nuit, on craignait de passer près de ce lieu saint parce que les morts invoquaient la Torah et malheur à celui qui repousserait leurs requêtes. Si on surprenait un tel appel, on se devait de rentrer dans la synagogue, de se placer devant la tribune face à la Torah ouverte et d'en repartir en marchant absolument à reculons….

On racontait l'histoire d'une personne qui était passée tard dans la nuit et avait surpris une voix sortant de la synagogue l'appelant à la Torah. Ce Juif était donc rentré et avait trouvé sur la tribune un livre ouvert, il avait lu la Parasha, comme il le fallait, mais avait oublié de sortir à reculons. Il lui arriva malheur et on le trouva mort sur place... Cette synagogue existait depuis 400 ans mais elle est partie en flamme à la fin du 19ème siècle. Depuis, ce lieu est resté désert, ne laissant la place qu'aux peurs et aux vieilles légendes.

 

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Mordekhai Rimvort dans l’armee du tsar

 

D'un bout à l'autre, ce village était devenu juif. Seuls, dans quelques coins, vivaient quelques gentils. Ils n'avaient aucune influence dans le village et tremblaient parfois face aux Juifs. Un chef et 3 chefs du village étaient devenus les “wlast” du village mais ils ne se mêlaient pratiquement pas des affaires. Ils ne portaient attention qu'aux affaires de “conscription” et particulièrement à ce que l'on paye le “kofer nefesh”, un dédommagement de quelques centaines de roubles afin de ne pas partir au service militaire. Malheureusement ils échouèrent plus d'une fois à ce sujet. Une fois ils avaient poursuivi le fils d'Eliezer Toparek, parce que le père n'avait pas payé le “kofer nefesh”. Le chef du village, accompagné de 3 sous-chefs était rentré en brandissant une épée dans une maison où le fils de Toparek s 'était caché, mais Eliezer Toparek, le Juif costaud, avait si bien corrigé le chef du village et ses 3 sous-chefs qu'ils ne pouvaient pratiquement plus utiliser leurs mains. Tous les Shabbat, à la maison d'études, on prononçait le “Mi she berakh” en l'honneur du Kaiser François Joseph, et les autorités se rendaient à la maison d'études pour assister au “Mi she berakh”. Le jour anniversaire du Kaiser, le jour du 'manifeste', on allumait une lumière devant les fenêtres, on accrochait des drapeaux, on comblait les fossés montrant ainsi que la ville était en fête. Et en effet la ville était en fête parce que le jour du manifeste, on réduisait le service militaire de quelques années : les 8 ans de service étaient réduits à 5 ans et plus tard, ils passèrent de 5 à 3 ans et demi.

Les Juifs se débrouillaient aussi en matière de commerce. Pour un “pain de sucre”, on graissait la patte du chef du village et les affaires continuaient. Dans la paix et la quiétude, les jours et les années se suivaient. Dans les shtiblekh et dans les congrégations, on étudiait la Torah et on récitait des psaumes. Ceux qui travaillaient, après une longue journée de labeur s'y rendaient directement du travail avec des vêtements différents selon l'office de l'après-midi ou du soir.

Tous priaient du plus grand au plus petit. Même la jeunesse croyait que manquer un office du soir où du matin était un danger et qu'on n'y survivrait pas la nuit. On avait peur et on priait. Les maîtres traversaient fréquemment la ville, notaient les doléances des gens, prononçaient des bénédictions et des vœux de réussite et prenaient les dons. Des émissaires attiraient une foule de “gens simples”.

Ils écoutaient, oreilles grandes ouvertes, étaient très attentifs, absorbaient les leçons de morale et se réjouissaient des légendes et proverbes. La ville avait aussi un célèbre prédicateur, Israël Acher. Il faisait trembler son auditoire avec ses paraboles et ses commentaires. Parfois, des émissaires venaient de Terre Sainte, des Juifs aux chapeaux à large bord et turbans venaient quêter pour des Yeshivot et pour rabbi Meïr Baal Hanes. Une fois, 2 Juifs du Yémen firent une forte impression. On aurait dit des émissaires des 10 tribus du fleuve Sambation et toute la ville était accourue pour voir ces Juifs étranges.

*

La ville était pleine de shtiblekh hassidiques, mais aussi pleines d'associations de Mitnagdim. Les groupes se nommaient “Société des jeunes hommes”. Ce nom a perduré même lorsque les membres sont devenus des grands-parents parce que ces associations avaient été fondées du temps de leur jeunesse. Les corporations avaient été fondées par les artisans : par des fabricants de Talith, des cordonniers, des tailleurs, tanneurs, bûcherons. Chaque spécialité avait sa “corporation”. Les chiffonniers également qui couraient les villages avaient aussi créé leur corporation.

Au sein de ces corporations, on priait et on étudiait, chacun selon ses coutumes. La corporation des chiffonniers et colporteurs, se consacrait aux psaumes. Celle des cordonniers, tailleurs et tourneurs, au Houmash (Pentateuque) et enfin, celle des fabricants de Taliths, à l'étude des textes de la Mishna. Les corporations étaient aussi des lieux de réjouissances et occasionnellement, on y prenait un verre d'alcool. Lorsqu'une association avait fini d'écrire un Sefer Torah, toute la ville participait à la joie de son achèvement. Les membres distribuaient les boissons et les bonbons avec largesse et la joie était à son comble. Les Juifs qui montaient à cheval étaient vêtus comme des cosaques et Tcherkesses et les musiciens accompagnaient de claquements de doigts leurs instruments de musique. A l'occasion de ces réjouissances, on faisait appel aux amuseurs, Ephraïm Shlief, Velvl Tokarsh et Liezer “Goy”. A la tête des musiciens, il y avait Noah avec son Kilionke, qui avait été surnommé le Kilionke parce que son nez était très large.

Tandis qu'on promenait l'objet saint dans la synagogue, la ville entière suivait le rouleau de la Torah, avec devant, le maître et le rabbin et les femmes étaient venues aussi. Elles se tenaient entre les hommes autour de l'autel et se réjouissaient avec tous. La corporation des chiffonniers, qui ne s'était pas distinguée par ses étudiants en Torah avait cependant écrit beaucoup de livres et une copie de rouleau l'une après l'autre. Et ils distribuaient les tonneaux de vins à profusion, comme des rois…..

*

En 1898, pour la première fois, une troupe de théâtre descendit en ville et y joua “Shulamit” dans le hangar des pompiers. J'avais 8 ans à l'époque et j'étais accouru voir ce grand prodige. Tout le “petit peuple” avait déjà pris place. Et moi, debout devant la porte je cherchais un moyen de me faufiler à l'intérieur. Un des artistes le remarqua et me demanda ce que je voulais. Quand je lui eu avoué que je n'avais pas de billet d'entrée, il me proposa d'apporter un chat, nécessaire à la représentation. J'ai détalé et je lui ai immédiatement rapporté un chat. Pour me récompenser, il m'a attribué une place d'honneur dans la salle et j'ai assisté à “Shulamit” le cœur battant…. A dater de ce jour, des troupes d'acteurs sont venues à chaque fois dans la ville pour y jouer.

Pour assister à la représentation, les gens venaient vêtus comme pour un jour de fête, sur leur trente et un. De nouvelles réjouissances dans la ville et un vent nouveau soufflaient… Les gens du peuple des confréries relevaient la tête à l'encontre de leurs oratoires, leurs Hassidim et leurs rabbins…


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Sous trois régimes

par Haïm Reizman

Traduit par S. Staroswiecki

 

En lutte contre le regime tsariste

Kałuszyn, particulièrement la jeunesse juive, pris une part très active dans la lutte contre le régime tsariste de 1905, Tous les corps de métiers qui avaient travaillé pour l'armée russe, les cordonniers, repriseurs, tailleurs, chapeliers, blanchisseuses, couturiers, avaient fait la grève, Les plus actifs dans cette grève étaient les fabricants de chaussettes. Cette profession livrait les militaires et faisait vivre beaucoup d'hommes et de femmes comme beaucoup d'enfants de dix ans de l'école primaire juive religieuse.

De nombreux affrontements survenaient entre les ouvriers juifs et la police qui leur tombaient dessus lors d'un rassemblement. Il y avait des militaires dans la ville et de tels conflits étaient devenus quotidiens ; Les ouvriers hardis profitaient des rues étroites pour attaquer la cavalerie tandis qu'elle traversait la rue principale à cheval, la “rue de Varsovie”. Tous ces heurts se terminaient par des contrôles, arrestations et déportations en Sibérie.

Les actes antisémites, les pogroms et les chicaneries avaient fortement assombri l'atmosphère et avaient aussi montré de quelle façon il fallait se comporter afin de ne pas être loyal vis -à-vis des lois de l'état.

On s'efforçait de commercer sans autorisation, de ne pas payer d'impôts. On n'enregistrait pas les nouveau-nés auprès des autorités officielles.

Quand un enfant était mort, on ne le déclarait pas. D'une manière ou d'une autre, on attirait l'attention. Il valait mieux qu'ils ne sachent pas qu'un Juif était né et qu'ils ne se réjouissent pas qu'un Juif soit mort. C'est de cette façon que les Juifs comprenaient les choses et ils se comportaient en conséquence. Les registres étaient vides et le pouvoir russe avait besoin de militaires. Chaque ville devait mettre à sa disposition un certain nombre de recrues.

Et qu'ont fait les Russes ? Les fonctionnaires municipaux ainsi que la police déambulaient dans les rues et dès qu'ils rencontraient un jeune homme, il était enregistré et on évaluait son âge. Il y avait justement des cas comiques. On avait donné 20 ans à un jeune homme de 15 ans de haute stature. Par contre, un garçon de 20 ans, à cause de sa petite taille avait été estimé avoir 15 ans.

La police recherchait aussi les jeunes de 21 ans qui étaient passés depuis longtemps dans l'autre monde, au royaume des morts et qui n'avaient pas été inscrits sur le registre. Toutes les réclamations des parents disant que leur enfant était mort à l'âge de 20 ans ne servaient à rien pour pouvoir échapper au service militaire !

Pour échapper au service militaire, on fabriquait des “faux”. Il existait des “laboratoires”, qui fabriquaient à chaque fois des “faux” afin de leurrer la commission de conscription.

C'est ainsi que toute la population juive a mené un jeu quotidien avec les autorités et les fonctionnaires.

Mais dans la population juive, il y avait également de sinistres personnages. Ceux qu'on nommait les “shtarke” collaboraient avec la police dans leur combat contre les ouvriers. Ces mêmes “shtarke” étaient essentiellement issus des pègres et des petits parrains. Cependant, les ouvriers n'étaient pas restés inactifs dans leur combat contre les “shtarke”. Dans la guerre menée contre eux, une municipalité venait en aide à une autre. Et de Varsovie à Brisk, les ouvriers étaient unis entre eux.

Dès qu'un de ces “shtarke” se pointait en ville, on lui réglait son compte.

Les tracasseries policières ne faisaient qu'empirer et les réunions entre les ouvriers et grévistes devaient être de plus en plus secrètes. Afin de “couvrir” les réunions, on organisait intentionnellement des spectacles. Des jeunes hommes et des jeunes femmes venaient se rassembler en société et c'est ainsi qu'on entendit pour la première fois le son du gramophone. Et est apparu également le premier cinématographe apporté par Abramele Kliantshist. Et c'est dans la maison d'Abramele que j'ai vu pour la première fois le grand prodige : des êtres vivants sur un drap. Et quand je l'ai raconté le lendemain aux enfants et que ce récit est parvenu à l'école aux oreilles du rabbin, il n'a pas voulu y croire et m'a fait le reproche qu'un Juif ne devrait pas voir de telles choses….

Suite à l'échec des évènements révolutionnaires des années 1905-1906, la majeure partie de la jeunesse a quitté la ville. Beaucoup sont partis à Varsovie et d'autres aux Amériques de l'autre côté de la mer. La ville était calme comme après une tempête et tout est retombé dans la même situation figée comme des dizaines d'années auparavant. La jeunesse restée en ville n'avait pas d'autre choix que de travailler pour gagner sa vie et se rendre ensuite à la maison d'études pour étudier.

Il n'y avait pas d'école. L'analphabétisme atteignait des proportions jusqu'à 90% et plus encore chez les femmes. Lorsqu'une fiancée recevait un courrier de son fiancé, elle se rendait chez l'instituteur de Semiaticze afin qu'il lui lise sa lettre. Et l'homme de Semiaticze écrivait la réponse dans le style de celui qui aurait du écrire la lettre. Il passait pour un grand connaisseur du Yiddish et toutes les femmes et jeunes filles voyaient en lui un grand écrivain. Le Semiaticze, ainsi qu'elles le nommaient, savait immédiatement où commencer, ses mots résonnant comme l'eau de la pompe dans le seau en cuivre et le jeune homme ou le fiancé se devait d'écrire une réponse, même s'il n'avait pas l'intention d'écrire.

Le Semiaticze commençait d'habitude par les lettres contorsionnées “A l'attention de” et il se faisait bien payer pour ces belles lettres. Plus les lettres étaient alambiquées, entortillées, plus il touchait de l'argent.

Beaucoup de superstitions circulaient en ville. On croyait aux fous, aux fantômes, aux esprits et aux remèdes de grand-mère. Le soir, on ne versait pas d'eau sur le sol afin de ne pas asperger les âmes en errance.

Aucune femme ne sortait au crépuscule sans tablier ou un homme, sans ceinture. On racontait comment les fous et les fantômes se déguisaient en morceau de sel. Quand quelqu'un tombait malade, on n'appelait pas le docteur, mais on courait chez l'exorciseur afin d'écarter le mauvais œil.

Si tout cela n'était d'aucun secours, on demandait au possédé de retirer des tuiles des toits. Et au moment où la fumée sortirait des cheminées, la maladie partirait de même. Un remède consistait également à faire couler goutte à goutte de la cire chaude sur le malade. Ou bien un Cohen devait passer à grandes enjambées sur un enfant malade 3 fois de suite.

Il ne manquait pas d'exorciseurs et d'exorciseuses et l'on disait de l'un d'eux qu'il attrapait les maladies avec la main et qu'il n'y avait nul besoin de docteur.

La jeunesse ne croyait pas à tout ça et se sentait coincée. Mais elle n'avait pas d'autre choix que de s'adapter à toutes ces coutumes rétrogrades. Un couple amoureux n'osait pas se promener librement, mais les jeunes hommes et les jeunes filles sortaient séparément de la ville, le jeune homme d'un coté de la rue et la jeune fille de l'autre côté de la rue et le jeune couple se retrouvait au “pont de Varsovie”. Là ils n'étaient pas dérangés et ils étaient libres….

 

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Le pont de Varsovie

 

Ce même pont, sur la route de Varsovie, “le pont de Varsovie” était le lieu des rencontres romantiques de tous les couples, et à son sujet, les “copains” de cette époque chantaient cette chansonnette :

Yossef porte un Niopke, Noémie se coiffe,
Ils se rendent ensemble au pont et se donnent la main.

Tandis que les meuniers meulent, que les meuleuses tournent,
que Yossef et Noémie s'embrassent, personne n'est en vue….”

Et en effet, personne ne voyait rien, la jeunesse vivait en cachette et à l'ancienne. La ville s'était assoupie de nouveau après les évènements de 1905-06 et cela a continué jusqu'au début de la première guerre mondiale.

 

Sous occupation Allemande

La situation a changé lorsque les Allemands ont occupé la ville au cours de la première guerre mondiale. Comme dans toutes les villes de Pologne, ils ont commencé également à Kałuszyn leur politique de confiscations. Et de nombreux Juifs étaient menacés de prison parce qu'ils vendaient leur marchandise hors de Kałuszyn ou bien qu'ils y faisaient rentrer des marchandises. C 'était une époque de chômage total. Les ouvriers et la population n'avait même pas de quoi s'acheter du pain que l'on distribuait au moyen de cartes. Beaucoup mouraient de faim. Et à nouveau, comme pendant la période russe, les Juifs ont essayé de contourner la loi et faire rentrer par des chemins détournés les produits nécessaires.

Ces mêmes contrebandiers portaient assistance à la population juive de Kałuszyn et aux alentours et leur travail les mettait en danger. Souvent les contrebandiers se heurtaient à la garde allemande. Et les incidents les plus sérieux survenaient.

Dans le domaine économique, les Allemands causaient des tracas à la population et ils avaient la main très lourde, mais a contrario, ils étaient très libéraux dans les domaines culturels et autorisaient l'ouverture d'associations culturelles. Bientôt, une association culturelle s'est créée qui s'est efforcée, dans le cadre de ses moyens d'élever le niveau moral et culturel de la jeunesse.

La jeunesse masculine quittait la maison d 'études et était happée par la soif de culture laïque et de littérature moderne juive.

L'association culturelle n'a pas existé pendant longtemps. Des partis politiques sont sortis de leur coquille et cela a mené à des luttes de partis dans les associations culturelles. Ce débat a pris fin avec la liquidation de l'association culturelle et la fondation de cinq associations politiques :

Le “grand club” bundiste, le “foyer ouvrier” des “Poalei Tsion”, “Stchekha Robotnitcha” du SDKPL, et le “S.S”devenu par la suite le “fareynikte” (l'Union), l'Union générale des sionistes. Il n'existait pas encore à l'époque de groupe communiste et le “Bund”, le “Poalei Tsion” et le “SS” étaient actifs dans la rue juive. Les syndicats professionnels se sont ensuite organisés au moyen d'une administration centralisée composée des 3 partis mentionnés ci- dessus.

 

Après la libération de la Pologne

A la fin de la première guerre mondiale, lorsque la Pologne a acquis son indépendance, les Juifs ont cru à l'égalité de traitement, qu'ils seraient des citoyens comme tous les autres et qu'ils rempliraient loyalement leurs obligations vis -à-vis de l'état polonais….

Mais peu de temps après la libération, les pogroms ont commencé, rappelant l'époque tsariste. Et pourtant, malgré toute cette atmosphère pogromiste, et la déception après la “libération”, la vie sociale juive à Kałuszyn a pris de l'ampleur.

Tout ce que les “associations culturelles “avaient semé, les organisations politiques –les partis- le cultivaient et le récoltaient. La jeunesse aspirait à la culture, et une grande partie des parents pratiquants, religieux étaient d'accord pour que leurs enfants étudient. Le livre juif avait élu domicile dans tous les foyers juifs, donnant parure à la pauvreté et rendant plus légère, plus lumineuse la vie juive. Son fondement était le succès des bibliothèques, dans les sociétés ouvrières qui étaient continuellement occupées à accroître le nombre de lecteurs juifs.

Les bibliothèques accueillaient également différentes manifestations, faisant venir des écrivains et des conférenciers, et des crédits étaient votés pour que les bibliothèques achètent des livres.

Toutes les manifestations culturelles éveillaient une soif de connaissance et attiraient l'attention de toute la population.

Chez nous en ville, le Yiddish occupait le côté est. On entendait le Yiddish à la maison et dans la rue, au travail et dans le commerce, et les chansons juives se confondaient avec les cantiques de Shabbat.

Et aux heures du soir, beaucoup de Minianim juifs (quorum de 10 personnes requis pour les prières) étaient assis dans les maisons d'études et les sociétés, plongés dans un chapitre de la Mishna ou un traité de la Guemara, et dans le même temps, les ouvriers prenaient des cours du soir. Et dans les clubs, on entendait les débats des intervenants, les chorales et les répétitions aux concerts et les représentations théâtrales. A l'Ouest de la ville, sur la route du pont de Kałuszyn, on entendait les échos de la Torah venant des shtiblekh de Ger ainsi que les chansons hébraïques des mouvements de jeunesses voisins de l'Hashomer Hatsaïr”. Un enthousiasme hassidique d'un côté de la rue et une communion dans les danses de Hora de l'autre côté de la rue.

C'est ce visage que Kałuszyn a présenté et quand un historien juif fera des recherches sur les communautés juives dans les ruines de la Pologne, qu'il sache que sur les routes autour de Varsovie et de Minsk, entre les villes de Minsk Mazowiecki et Siedlce, la ville juive de Kałuszyn a existé pendant des centaines d'années, ponctuée de vie juive , de mélodies juives, que les assassins allemands avec la complicité des polonais ont assassiné et brûlé jusqu'à ce que la ville soit vide de Juifs.

 

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La rue de Mrozi

 

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Updated 23 Oct 2008 by LA