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Leybl Grinberg - Paris
Eli Mozes
Qui n'a pas connu la grande famille étendue des Trojna, réputée pour leur spécialité : confectionner toutes sortes de pâtisseries ? L'une des sœ“urs de cette famille, Mashe avait, elle aussi épousé un boulanger, un certain Eydl Mozes. Ensemble, ils ont eu cinq enfants. Leur fils aîné, Eli, naquit en 1909.
Les parents d'Eli, Eydl et Mashe, étaient des gens simples, profondément ancrés dans le peuple, éloignés de tout esprit religieux. Mashe, la mère, avait même appartenu à un groupe révolutionnaire en 1905. Les enfants ont été élevés dans un esprit laïque.
Garçon brun, charmant, aux yeux noirs, Eli était inscrit dans une école publique, où il se distinguait comme l'un des meilleurs élèves. Quelques années plus tard, il a intégré une école de commerce, où enseignaient deux professeurs, les frères Mariansky[1] membres du mouvement ouvrier clandestin de gauche. C'est justement sous leur impulsion qu'un groupe de jeunes, dont Eli faisait partie, a formé une cellule militante qui allait donner naissance à un vaste mouvement communiste, actif à Minsk et dans tout le powiat.
Eli a étudié pendant quelques années dans cette école de commerce, puis ses parents l'ont envoyé dans une école professionnelle à Varsovie (ORT). Là aussi, il s'est distingué comme l'un des meilleurs élèves. Il lisait beaucoup de littérature et s'intéressait à la sociologie.
À l'époque où Eli étudiait à Varsovie, il existait déjà à Minsk une vie politique, sociale et culturelle structurée autour d'un club. On y trouvait une bibliothèque, une salle de lecture, ainsi que le syndicat professionnel des tailleurs et des cordonniers. En hiver, ce club menait une activité culturelle intense. Chaque samedi s'y tenait une soirée culturelle ou une conférence, auxquelles il participait activement, rencontrant du succès aussi bien auprès des adultes que des jeunes. L'été, il participait également à divers rassemblements dans les bois.
À l'âge de 17 ans, il a été arrêté par la police avec un groupe de jeunes en raison de son activité politique. Son procès a eu lieu à Varsovie entre 1926 et 1928. Il savait qu'il risquait une lourde peine et que, du fait de son jeune âge, il serait envoyé en maison de correction. Mais il tenait à être incarcéré avec les détenus politiques. Il a refusé toute forme de défense. Et lorsque le président du tribunal lui a demandé s'il souhaitait un avocat, il a déclaré que ce qu'il avait fait, il l'avait accompli en toute conscience et responsabilité, et qu'il acceptait la peine qui serait prononcée par le tribunal. Il a été condamné à trois ans de prison ferme et a été envoyé dans la célèbre prison de Wronki réservée aux prisonniers politiques. Après sa libération il a occupé d'importantes fonctions au sein de la direction du parti communiste à Varsovie.
Après avoir purgé ses trois années de prison, Eli est devenu apte au service militaire et a été envoyé à Rembertów (près de Varsovie) comme artilleur. Naturellement, pour quelqu'un comme lui, les conditions étaient particulièrement dures, puisque tout son dossier politique aussi bien celui de la police que du tribunal figurait dans son dossier militaire.
Après avoir accompli ses deux années de service militaire, il a repris contact avec la direction du Parti communiste polonais (KPP) et a poursuivi ses activités dans plusieurs secteurs.
Après son service militaire, en 1936, la guerre civile a éclaté en Espagne[2]. Eli, avec un groupe de Minskers, s'est porté volontaire. Pour rassurer ses parents, il leur a dit qu'il partait à Paris où vivait son cousin Eli Rotsztejn. Un mercredi, à midi, il est venu nous voir, pour faire ses adieux à ma mère, à mon frère Moyshe et à moi. Le vendredi soir il a pris le train pour l'Espagne. Le jour même, il était revenu une dernière fois pour nous dire au revoir. Ma mère venait justement de terminer de lui tricoter une écharpe chaude pour le protéger du froid ainsi que quelques paires de chaussettes. Eli m'a dit qu'il avait avec lui un petit carnet dans lequel il notait des observations pour écrire un livre sur notre vie, ici, chez nous. Si tout se terminait bien, et s'il survivait, il écrirait ce livre.
Quelques semaines après son arrivée en Espagne, Il a été blessé pour la première fois sur le front de Madrid. Il s'est alors donné les pseudonymes d'Andrzej Shmidt et aussi celui de Tcharny Andrzej (L'ange noir).
Il n'est resté hospitalisé que quelques semaines, puis en est sorti alors même que sa blessure n'était pas encore complètement cicatrisée. Il a exigé d'être renvoyé au front. Il a été affecté au front de Somosierra[3], où de violents combats faisaient rage. Eli y a repris son poste dans l'artillerie, et, au début de l'année 1937, il se trouvait sur le front d'Estrémadure, où il a été promu au grade de caporal d'artillerie.
Il a été nommé commissaire politique, tout en devenant collaborateur du journal Dąbrowszczak[4]. Il a également participé avec son unité à la publication d'un journal baptisé du nom de leur unité : Bartosz Głowacki.
L'un de ses atouts majeurs était sa capacité à apprendre rapidement les langues : il a très vite maîtrisé l'espagnol, à tel point que, lorsque le commissaire politique du bataillon se rendait à des réunions de l'état-major général des Brigades internationales, il l'emmenait afin de mieux se faire comprendre grâce à sa maîtrise de la langue.
Grâce à son sens politique aigu, Eli avait gagné la pleine confiance de ses chefs sur le front. Il était considéré comme un proche collaborateur du célèbre dirigeant bulgare Dimitrov, dont il était aussi un ami proche.
Après la chute de la Révolution espagnole[5], de nombreux survivants des Brigades Internationales se sont repliés en territoire français, où ils ont été immédiatement internés dans des camps.
Malgré des conditions extrêmement difficiles, Eli a su rapidement s'adapter à la situation, grâce à sa bonne humeur et à son esprit positif. Sa première initiative a été d'organiser des structures collectives, puis peu à peu, il a mis en place des activités culturelles. Comme je l'ai déjà mentionné, Eli avait un talent remarquable pour les langues. Il a ainsi progressivement appris le français et commencé à lire la presse quotidienne française, en polonais, pour ses compagnons internés.
Dès son arrivée au camp, il est entré en contact avec son cousin Eli Rotsztejn qui a commencé à lui envoyer régulièrement des colis. Dans l'un d'eux, se trouvaient des outils de serrurerie. Eli, avec Kupiets, son ami proche, a alors mis en place un petit atelier. Avec l'aide d'autres camarades, ils fabriquaient à partir d'os divers objets d'art plastique. En échange, ils recevaient de la nourriture, ce qui leur permettait non seulement de survivre un peu mieux, mais aussi de rester actifs.
C'est ainsi que se sont prolongées ses dures conditions de vie ainsi que celles de ses compagnons jusqu'à l'automne 1940, lorsque le gouvernement Soviétique a procédé à un échange de combattants contre un groupe de citoyens français détenus dans des prisons russes. Eli Mozes faisait partie de ce groupe de Brigadistes espagnols.
Eli et son groupe, après avoir été échangés, ont d'abord été envoyés pour quelques semaines dans une maison de repos à Sloneczny Górsk, près de Moscou. Ensuite, ils ont suivi une formation à l'organisation de soulèvements dans les ghettos polonais, ainsi qu'une école de parachutistes. Au début de l'année 1942, un des groupe a été envoyé en Pologne à bord d'un avion soviétique. Chaque membre devait être parachuté à proximité de sa ville d'origine. Eli devait être largué près du ghetto de Varsovie.
J'ai recueilli et noté deux versions concernant la mort d'Eli Mozes dans le ghetto de Varsovie. La première rapporte qu'après son parachutage, il a été repéré par les Allemands. Il serait tombé derrière les murs du ghetto de Varsovie. La seconde version (transmise par son ami Kupiets, qui a recherché des informations à son sujet peu après la libération), affirme qu'Eli a atterri du côté aryen. Il aurait alors pris contact avec l'organisation juive clandestine dans le ghetto, afin de former des groupes de combat et fournir des armes. Un jour, alors qu'il se rendait à un point de rendez-vous avec un groupe, il aurait été dénoncé par un provocateur, arrêté, emprisonné un certain temps à la prison de Pawiak, et exécuté là-bas.
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De gauche à droite : Meretek, Polly Trojna, Eli Mozes, Hinde Mendelson, Fridman, Antelek, Elek Trojna |
Je cite quelques lignes de Dr. B. Mark, directeur de l'institut historique juif de Pologne, à propos d'Eli Mozes, dans son livre Les Ruines racontent, pages 75-76, il écrit :
« Yosef Levartovski et ses compagnons sont arrivés dans le ghetto avec la ferme intention de participer à l'organisation de l'autodéfense. Ces idées se sont concrétisées dans les premiers mois de 1942, lorsqu'est apparue dans le ghetto la figure marquante d'Andrzej Schmidt, c'est-à-dire Eli Mozes…».
Mais notre Moyshe Bornshtejn a cependant enquêté sur la question et, selon ses recherches, c'est un autre jeune juif, également porteur du pseudonyme d'Angie Schmidt qui aurait été parachuté dans le ghetto de Varsovie. Eli Mozes, d'après les recherches de Bornshtejn, aurait quant à lui été parachuté dans la région de Kielce, où il serait tombé au combat.
Les parents d'Eli, ainsi que trois de leurs enfants, ont connu le même sort que l'ensemble de la communauté juive de Minsk-Mazowiecki : ils ont péri dans le camp d'extermination de Treblinka. Seul un membre de la famille Mozes a survécu, le plus jeune fils Mordka, qui vit toujours aujourd'hui à Varsovie avec sa famille. Mordka m'a confié que, durant la guerre, alors qu'il se trouvait en Union Soviétique[6] et travaillait dans les mines de charbon, Il recevait des lettres de son frère Eli, qui vivait à Moscou. Mais quelque temps plus tard, cette correspondance a été brusquement interrompue sans doute à partir du moment où Eli a été parachuté en Pologne.
Shmuel Meretek
Dès son plus jeune âge, à 13 ans, Shmuel, surnommé Shmulek, s'est retrouvé engagé dans la vie professionnelle. Né à Varsovie en 1907, il a perdu son père, un ouvrier boulanger, alors qu'il n'avait qu'un an et demi. Orphelin de père, il a été élevé par sa mère, qui a dû subvenir seule aux besoins de ses trois enfants deux fils et une fille en lavant du linge et en travaillant comme cuisinière chez des familles aisées.
Lorsque la Première Guerre mondiale a éclaté, sa mère a décidé de quitter Varsovie pour Minsk-Mazowiecki avec ses enfants, espérant y surmonter plus facilement les années de guerre.
Shmulek, continuellement affamé, a grandi dans la rue sans réelle surveillance maternelle. Il se donnait beaucoup de mal pour apporter un peu d'aide à sa mère qu'il adorait.
Et comme il l'a écrit dans son autobiographie en 1941 (qui se trouve aux archives de l'institut historique du parti communiste polonais), il a décidé, à l'âge de douze ans, en 1919, de se faire embaucher par un maitre pour apprendre le métier de tailleur.
En 1924, lorsque je suis revenu dans notre ville natale après une absence de quatre ans (entre 1921 et 1924, j'avais vécu à Ostrowiec), et que j'ai fait la connaissance de ce jeune, j'ai constaté qu'il y avait une certaine agitation dans le milieu professionnel bien qu'illégale. Il y avait des conflits avec les patrons, des grèves plus ou moins importantes, c'est à cette époque que j'ai rencontré Shmulek.
C'était un jeune homme sympathique et intelligent, avec des yeux profonds et expressifs, très vif et sensible. Son regard et son visage portaient les marques de la souffrance et de la nécessité.
Déjà à cette époque, Shmulek se distinguait comme l'un des meilleurs organisateurs. Pour acquérir de l'expérience dans la conduite du mouvement professionnel, il a suivi une formation au sein de la direction centrale des syndicats professionnels à Varsovie.
Entre 1926 et 1927, les deux sections professionnelles de tailleurs et de cordonniers ont été légalisées. Shmulek a alors été nommé président du syndicat des tailleurs. C'est également à cette époque qu'un club a été ouvert, regroupant ces deux syndicats. On y trouvait une bibliothèque, une salle de lecture, des soirées culturelles et des animations, en particulier la journée entière du samedi (évidemment), qui se passait souvent en plein air, dans les bois pendant l'été. Shmulek participait activement à chaque réunion ou activité culturelle. Il était passé par l'école centrale du parti.
La police et les services de renseignements, ne sont bien sûr pas restés inactifs et ont rapidement identifié Shmulek comme un élément dangereux. Il a été arrêté à plusieurs reprises et emprisonné, pour des périodes courtes ou longues. Mais jamais il ne s'est laissé briser.
En 1939, lorsque la guerre a éclaté, Shmulek Meretek a été évacué avec d'autres membres du Comité central du Parti communiste (dont Yosef Levartovski) à Białystok. Là-bas, ils ont été emprisonnés pour activité politique. Mais lorsque les autorités polonaises ont fui devant l'avancée allemande, les prisons ont été abandonnées. Dès sa libération, il a créé dans la ville et ses environs un mouvement clandestin de résistance antihitlérienne, bien structuré.
Le Dr B. Mark, directeur de l'Institut historique juif de Varsovie, écrit à propos des activités de Meretek et de Levartovski dans son livre Les Ruines racontent :
« Meretek était une personnalité vive, énergique, un excellent orateur populaire et un remarquable organisateur. »
Et un peu plus loin dans le même ouvrage, il précise, à propos de la création d'un Comité antifasciste unifié dans le ghetto de Varsovie :
« Le camp de l'extrême gauche était représenté par : Levartovski Yosef, Meretek Shmuel (Adam Tsimerman), Andrzej Shmidt, ainsi que d'autres représentants de diverses organisations. »
Et dans le même ouvrage, à la page 108, B. Mark écrit à propos de la fin tragique de Shmuel Meretek, qui a été l'une des premières victimes :
« Le 30 mai 1942, Meretek et ses camarades devaient rencontrer leurs contacts qui se sont révélés être des traîtres. L'un d'eux était un garde blanc, ancien cuisinier de Pilsudski. Dans un restaurant juif situé à l'angle des rues Zamenhof et Gęsia, des agents de la Gestapo les attendaient déjà et les ont arrêtés. Enchainés ils ont été conduits à la prison de Pawiak. Peu de temps après, les bandits ont conduit Shmulek Meretek et Dovid Vlosko sur la route de Pelcowizna et les y ont pendus. »
Rokhl Grinboym
Et voici l'histoire d'une autre héroïne de notre ville, tombée dans le ghetto de Varsovie. Il s'agissait de Rishe (Rokhl) Grinboym, petite-fille de Yosef Khemyes.
Rokhl, surnommée aussi Ruzshka était une des quatre enfants de Eydl, le fils de Yosef. Eydl qui était sourd et muet, vivait dans le quartier de Praga à Varsovie. Son épouse, Mire Gringrunz, également sourde et muette était une très belle femme. Ensemble ils ont eu quatre enfants exceptionnellement doués, dont l'aînée était Rokhl.
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Pendant la guerre, Rokhl était active dans la résistance clandestine du ghetto de Varsovie, elle est tombée les armes à la mains lors des derniers combats. Dans les documents officiels, elle figure sous le nom de sa mère, Gringrunz Son pseudonyme de résistante était Hora Risha.
Rokhl était une enfant d'une rare beauté et une excellente écolière. Vers l'âge de 12 ou 13 ans, elle a rejoint le mouvement Hashomer Hatzaïr[7]. Lorsque la guerre a éclaté, elle était déjà une jeune femme mûre prenant en charge la responsabilité de toute la maison, après le départ de sa deuxième sœ“ur, Dorke, partie en Russie. Les deux sœ“urs sont restées en contact plusieurs années par correspondance. Rokhl écrivait à Kharkov pour lui raconter la situation à la maison et ses activités dans le ghetto de Varsovie, où elle avait dû s'installer après sa création, quittant Praga où la famille vivait avant la guerre. Ce n'est qu'en 1961, en lisant par hasard un livre en polonais, que Dorke a appris la vérité sur les activités de sa sœ“ur pendant la guerre. Peu après, elle est entrée en contact avec le Professeur Mark de l'institut historique de Varsovie, qui lui a donné des informations précises sur sa sœ“ur :
« Hora Risha comptait parmi les combattantes les plus audacieuses et dévouées du ghetto de Varsovie. Pendant un certain temps, elle a assumé la fonction extrêmement dangereuse d'agent de liaison au sein l'Organisation juive de combat[8]. Déguisée en aryenne, elle transportait vers les ghettos de Czestochowa, Cracovie etc., des armes, des instructions et des personnes. En décembre 1942, elle a fait passer les derniers combattants du ghetto de Cracovie à celui de Varsovie. Dès le premier soulèvement, en janvier 1943, elle a participé aux combats. Elle est tombée les armes à la main lors des ultimes affrontements de l'insurrection du ghetto de Varsovie en avril. Elle n'avait que 23 ans. »
Sa sœ“ur Dorke, restée en Russie, a émigré plus tard en IsraĂ«l. Elle y a travaillé comme infirmière, mais elle est décédée jeune à la suite d'une grave maladie contractée pendant la guerre.
Yankel Minski
Fusillé comme otage en février 1942, pour sa participation à la Résistance.
À la sortie de la rue de Kałuszyn, sur la route qui mène à la ville du même nom, vivait un homme modeste et discret : Moyshe Minski. Il habitait là avec son épouse Ita et leurs trois enfants. Moyshe travaillait comme tailleur pour l'armée on l'appelait « le tailleur militaire ». Ses enfants travaillaient à ses côtés : sa fille Gitl, une charmante jeune fille brune, et ses deux fils sympathiques l'aîné Yankel et le cadet Khayim.
Moyshe Minski avait inscrit ses deux fils dès leur plus jeune âge au héder, pour leur donner une éducation religieuse de base. Il les avait ensuite envoyés à l'école pour qu'ils sachent lire et écrire. Lorsqu'ils ont été plus âgés, il leur a transmis son métier de tailleur afin qu'ils puissent l'aider à subvenir aux besoins de la famille dans les conditions économiques difficiles.
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Mais Yankel se distinguait des autres. Grand, enjoué, chaleureux, il ne se contentait pas de l'éducation paternelle. Très tôt, il s'est intéressé à la vie sociale et culturelle. On le voyait de plus en plus souvent entouré d'amis dans le club culturel, où il s'engageait dans les activités culturelles et politiques du mouvement progressiste.
Lors du pogrom de 1936, Minski faisait partie de ceux qui avaient tenté d'organiser une défense face aux violences antijuives menées par les hooligans. Recherché par la police, comme beaucoup de ses camarades, il a dû fuir la Pologne clandestinement. Il est arrivé à Paris, où la société de Minsk-Mazowiecki l'a aidé à s'installer, comme elle le faisait pour les nouveaux arrivants à cette époque. Il a pu trouver un logement et du travail, et n'a pas tardé à reprendre sa place dans la vie sociale et politique, comme il en avait l'habitude dans sa ville natale.
Quand la guerre a éclaté, Yankel s'est engagé comme volontaire dans l'armée française. Il a effectué son entraînement dans les centres militaires de Valbonne puis de Barcarès, avant d'être envoyé au front. Après l'armistice signé par Pétain, il a été démobilisé dans le camp militaire de Septfonds et est rentré à Paris.
Dès 1940, sous l'occupation nazie, les premiers noyaux de résistance antinazie ont commencé à se former. Les premières activités consistaient à collecter des fonds par la vente de timbres de cotisation, destinés à financer la propagande. Mais à partir de 1941, l'argent a servi aussi à venir en aide aux familles dont les soutiens avaient été arrêtés et internés les camps des Lilas, de Drancy (près de Paris), ou dans les deux grands camps de concentration Pithiviers et de Bonne-la-Rolande (à 150 Km de Paris). Moi-même, ainsi que mon frère Moyshe, avons été parmi les 5 000 hommes internés.
Yankel Minski était l'un des membres les plus actifs de cette organisation de collecte à Paris. Il transportait les carnets de timbres et allait solliciter les gens pour soutenir la résistance clandestine.
Un jour, une grande rafle a eu lieu dans le 12e arrondissement de Paris, rue Crozatier où habitait Yankel. Tous les juifs ont été extraits de leurs appartements et conduits dans des voitures noires vers les commissariats. Lors de la perquisition chez lui[9], les policiers ont découvert les carnets de timbres. Il a été immédiatement transféré au camp des Lilas près de Paris, où il n'est resté que quelques jours, avant d'être transféré au camp de concentration de Drancy. La Gestapo y maintenait toujours un « stock » d'otages, afin de pouvoir, à tout moment, exécuter un groupe de prisonniers, pour intimider la Résistance.
En février 1942, la Gestapo a de nouveau procédé à une exécution collective. Sept prisonniers - juifs et non juifs - ont été extraits du camp et fusillés. Parmi eux se trouvait notre Yankel Minski. Il a été fusillé avec ses camarades, en représailles aux actions de la Résistance française.
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Notes de bas de page du traducteur
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Updated 19 Jun 2025 by JH