Note: Tout nos remerciements à Kathy Bjegovich et à son père Norman Turner, vétéran canadien de la seconde guerre mondiale et libérateur du camp de Vught pour les informations concernant les circonstances de la libération de ce camp. Cette page a été remise à jour le 27 juillet 1998.

Vught (Hollande)


Une des rares photo du camp de Vught

Des trois camps créés en Hollande par les nazis, seul Vught était qualifié par les allemand de camp de concentration (Konzentrationslager Herzogenbusch). Les premiers prisonniers arrivèrent à Vught le 13 janvier 1943. Ils provenaient d'Amersfoort et étaient dans un état pitoyable. Les premiers prisonniers juifs arrivèrent le 16 janvier 1943. Le commandant du camp était le capitaine SS Karl Chmilewski. Ce capitaine était connu pour les atrocités qu'il avait commises au camp de Gusen, annexe de Mauthausen. Par après, les commandants du camp furent les officiers SS Grunewald (octobre 1943) et Huttig (février 1944).

Vught contenait deux sections: la première (Judendurchgangslager - JDL) était destinée aux prisonniers juifs en attente de transfert vers l'Allemagne. En fait, les transferts se faisaient en deux temps: de Vught vers Westerbock puis de Westerbock vers les camps d'extermination. Les transferts de prisonniers juifs vers Westerbock ne déclenchaient presque jamais de panique: beaucoup de juifs croyaient qu'ils allaient rester définitivement à Westerbock. Ils ne savaient pas que Westerbock n'était qu'une étape avant leur transfert vers les camps d'extermination.

La seconde section de Vught était appelée camp de prisonniers de sécurité (Schutzhaftlager). Elle regroupait tous les prisonniers politiques hollandais et belges, hommes et femmes séparés. La garde du camp était assurée par des SS. Les SS battaient et torturaient les prisonniers de manière incroyable et la nourriture était quasi inexistante: de l'eau tiède avec quelques morceaux de choux flottant à la surface. Les gardes SS battaient les prisonniers jusqu'à la mort (des prisonniers furent battus avec des bâtons enroulé de fil barbelé), ils excitaient leurs chiens contre les prisonnier et il y a de nombreux témoignages de morsures atroces, notamment aux organes génitaux. Des centaines de prisonniers hollandais et belges furent fusillés au lieu appelé "De IJzeren Man" ("L'Homme de Fer") situé à environ 900 mètres du camp.


La potence. Une autre potence était située dans le bunker.

Deux autres sections spéciales furent ouvertes en mai et août 1943: le "Frauenkonzentrationslager" (FKL), section réservée aux femmes et le "Polizeiliches Durchgangslager" (PDL) qui était réservée aux prisonniers en détention pour une courte période.

Comme tous les camps, Vught avait ses crématoires et ses potences. En septembre 1943, une de ces potences fut utilisée pour l'exécution de 20 prisonniers politiques belges. Il y eu de nombreux transports de juifs vers les camps de la mort. En juin 1943, des centaines d'enfants juifs furent déportés de Vught vers le camp d'extermination de Sobibor, en Pologne. Il y eu également d'autres transports vers les camps de la mort en novembre 1943 et juin 1944. En juillet 1944, alors que les troupes alliées s'approchaient des frontières hollandaises, le nombre d'exécutions augmenta de façon terrible.


Four crématoire mobile à Vught.

La 4ème division blindée canadienne ainsi que la 6ème batterie de la 5ème division anti-tank furent les première a libérer le camp de Vught. Les troupes canadiennes combattirent les allemands en fuite jusqu'à l'enceinte même du camp. Ceux-ci évacuaient le camp et avaient laissé une arrière garde afin de les protéger. Ils fuyaient et combattaient tout à la fois. Lorsque les troupes canadiennes entrèrent dans le camp, leur première vision fut environ 500 cadavres entassés en un horrible tas. Ces prisonniers avaient été exécutés le matin même. Il restait environ 5 à 600 survivants dans le camp. Ceux-ci devaient être exécutés l'après-midi mais l'arrivée rapide des troupes canadiennes empêcha les nazis de réaliser leur projet. Les survivants étaient dans un état physique terrifiant: affamés et malades, nombre d'entre eux souffraient de graves blessures consécutives aux tortures et de tabassages quotidiens. Parmi ces survivants, il y avait mon père. A l'arrivée des troupes canadiennes, les prisonniers erraient dans le camp alors que les combats étaient toujours en cours. Tous les autres prisonniers (-+ 2.600) avaient été transférés en train vers le camp de concentration de Sachsenhausen, près de Berlin. Le voyage dura près de cinq jours et fut épouvantable.


Miradors à Vught

L'emplacement du camp est actuellement occupé par un pénitencier. En avril 1990, le "National Monument Camp Vught" fut ouvert par S.M. la reine Beatrix de Hollande. J'ai visité ce musée en juillet 1998 et cet endroit est extrêmement émouvant. Le musée est ouvert du 1er avril au 31 octobre (de 10 à 17h du mardi au samedi, de 12 à 17h les dimanche et lundi). Le musée est situé Lunettenlaan 600, Vught, Hollande. L'entrée est gratuite. Il y a également une exposition permanente dédiée au "Kamp Vught" au "Vught Historish Museum", Taalstraat 88a, Vught. La direction du musée peut être contactée à l'adresse suivante: National Monument Camp Vught Foundation, Postbus 47, 5260 AA Vught, Hollande.

Vincent Châtel